Individus et pouvoirs face aux sectes
EAN13
9782200354336
ISBN
978-2-200-35433-6
Éditeur
Armand Colin
Date de publication
Collection
DD.ES&PUB SPEC
Nombre de pages
280
Dimensions
24 x 16 cm
Poids
397 g
Langue
français
Code dewey
306.691
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Individus et pouvoirs face aux sectes

De

Armand Colin

Dd.Es&Pub Spec

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Illustration de couverture : Paris : manifestation du 20/02/2000 contre le rachat de la Scala par l'Église universelle du royaume de Dieu. © CONTINI/REA

© Armand Colin, Paris, 2008

Internet : http://www.armand-colin.com

Armand ColinÉditeur• 21, rue du Montparnasse• 75006 Paris

9782200253196 — 1re publication

Avec le soutien du

www.centrenationaldulivre.fr« Sociétales »Collection dirigée par François de Singly DU MÊME AUTEUR

Le salut par le foot. Une ethnologue chez un messie coréen, Labor et Fides, 1997.

Sectes, mensonges et idéaux, en coll. avec F. Lenoir, Bayard, 1998.

Les sectes, « Que sais-je ? », Puf, 2004.REMERCIEMENTS

Cet ouvrage est le résultat d'un travail de recherches que je mène depuis une dizaine d'années. Je l'ai présenté pour la première fois en juin 2007 pour mon habilitation à diriger des recherches. Il a mûri grâce aux discussions régulières que j'ai eues avec Danièle Hervieu-Léger (sociologue des religions) qui m'a fait l'honneur de m'accueillir dans son laboratoire. Elle a lu et commenté la plupart de mes travaux et m'a permis d'en améliorer la forme et le fond. En un mot, elle m'a mise sur les rails. Je lui en suis infiniment reconnaissante.

Dans mon cheminement, un échange avec Patrick Michel (sociologue) m'a aidée à concevoir les sectes dans une perspective dialectique : pourquoi la secte change-t-elle de visage en fonction de la société qui l'accueille ? Je lui dois la publication de mon premier article sur les politiques en matière de sectes en Europe. Par la suite, il a également lu et critiqué les premiers résultats de ce livre. Je l'en remercie chaleureusement.

L'amitié d'André Mary (anthropologue et africaniste) m'a été également précieuse. Je ne compte pas le nombre de fois où nous sommes allés prendre un verre pour parler des questions qui me préoccupent. Grâce à lui, j'ai la tête remplie de projets, dont certains d'ailleurs prennent déjà forme. Plus récemment encore, Laënnec Hurbon (sociologue) et Stefania Capone (anthropologue) m'ont permis d'ouvrir une fenêtre sur la région caribéenne et sur les religions afro-américaines.

Je pense à Gilles Bottine (magistrat, ancien secrétaire général de la MIVILUDES) dont la complicité m'a été précieuse ; à Micheline Milot (politologue), dont les encouragements m'ont stimulée ; à Roberte Hamayon (anthropologue), là depuis toujours ; à Anne-Sophie Lamine (sociologue) et Jean De Beir (économiste), prêts à me lire et à me soutenir. Je n'oublie pas l'écoute de mes collègues : ceux du Centre d'études interdisciplinaires des faits religieux, du groupe informel « Étude de la répression en Asie », de la revue des Archives de sciences sociales des religions. Un clin d'œil, enfin, à mes amis et à ma famille que je saoule avec mes recherches et surtout, à Philippe (mon mari) et Théophile (mon fils) qui ont supporté, au quotidien, mon impatience.

À tous, merci d'être présents.

PREMIÈRE PARTIELes sectes : un concept moderne

CHAPITRE IUn grain de sable dans la sécularisation

La sécularisation vise à l'indépendance de chaque institution. Les nouveaux mouvements religieux travaillent au contraire à recréer du lien entre elles. Aussi se construisent-ils en tension avec les sociétés modernes.

Avant que l'Occident n'en vienne à prendre de la distance avec ses institutions religieuses, il revenait à l'Église de définir les groupes qui semblaient remettre en cause son autorité, et par conséquent, sa place dans la société. Les sectes concernaient le pouvoir politique dans la mesure où toute déstabilisation de l'Église pouvait également lui porter atteinte. Aussi, une fois l'Église mise de côté, on aurait pu imaginer que les affaires de sectes n'intéresseraient plus l'État. Les faits contredisent largement cette hypothèse.QU'EST-CE QUE LA SÉCULARISATION ?

La sécularisation, terme d'origine ecclésiale, traduit le processus par lequel des activités et pouvoirs jusqu'alors dévolus aux clercs et à la religion se sont retrouvés entre les mains de laïcs qui les ont assumés, selon leurs capacités et spécialités, en créant des institutions séculières plurielles. Il s'agit ainsi, pour P. Berger du « processus par lequel des secteurs de la société et de la culture sont soustraits à l'autorité des institutions et des symboles religieux » (Berger, 1971 : 174). Autrement dit, « la politique, la religion, la morale, la science, le droit, l'art, la culture, l'économie, la vie domestique et familiale, [en sont venus à être] regardés comme des domaines séparés, s'organisant de façon relativement indépendante les uns des autres en fonction d'une règle de jeu qui leur est spécifique. Dans ce mouvement, la religion a été progressivement déboutée de la position surplombante qui était la sienne et qu'elle revendiquait dans la société traditionnelle : elle perd, de proche en proche, sa capacité de régir, au nom de la vérité révélée dont elle est dépositaire, tous les domaines de la vie sociale et tous les aspects des comportements individuels et collectifs » (Berger, 1971 : 55). Par ce biais, la société est devenue autonome, elle s'est « libérée de la transcendance et elle est devenue maîtresse de sa contingence » (Balandier, 1988 : 56). Les hommes ont ainsi pu « rationaliser et produire le monde où ils vivent, le prendre en charge sans avoir à dépendre de puissances transcendantes, et accéder ainsi à une responsabilité qui ne leur est plus déléguée » (Balandier, 1994 : 150). Au terme de ce processus, la religion a cessé de constituer « le principe organisateur d'un monde commun » : la contraception, la conception contractuelle du mariage, la sexualité - dont l'homosexualité - l'avortement, l'homoparentalité, sont autant d'exemples originellement contraires à la morale chrétienne, qui témoignent de la libération des consciences de leur tutelle religieuse (Hervieu-Léger, 2003 : 85).

On pourrait prendre les uns après les autres chacun les domaines où la sécularisation a opéré. Deux d'entre eux sont néanmoins particulièrement révélateurs de la formation puis de l'accélération de ce processus : la science et l'économie. Ce qui s'est passé en leur sein a eu de fortes répercussions sur l'ensemble des sphères d'activité sociales, et conséquemment sur le devenir même de la société.SCIENCE ET CROYANCES

L'augmentation progressive du savoir scientifique a été un vecteur de la différenciation des institutions. Elle a porté atteinte au monopole religieux. Un transfert de transcendance s'est effectué au profit de la science : l'absolu scientifique a remplacé l'absolu religieux, la vérité rationnelle détrônant la vérité religieuse : la science prétendit expliquer le monde sans reste. Cette prétention est apparue cependant abusive. Le progrès scientifique a multiplié les questions plus qu'il n'a apporté de réponses définitives. Il a donc laissé un vide dans lequel a pu s'engouffrer la croyance, seule apte à répondre aux questions fondamentales posées par l'être humain. Or, ces questions se sont transformées au rythme de l'évolution des théories scientifiques. Ainsi, les connaissances produites par la science ont eu un impact sur le type de croyances vers lequel les individus allaient s'orienter.De la résurrection à la réincarnation

L'attrait pour l'Orient, par exemple, que l'on observe dès la fin du XIXe siècle, trouve l'une de ses origines dans la percée de Darwin qui lui est contemporaine. Le christianisme, nullement adapté à la théorie de l'évolution, en fut affaibli. Dans cette situation de crise, les philosophies hindoues et bouddhistes, toutes deux orientées vers la possibilité pour l'individu de progresser au fur et à mesure de ses réincarnations, apparurent comme un miroir spirituel de la nouvelle théorie évolutionniste. La société théosophique, fondée par la Russe Helena Petrovna Blavatsky en 1875, fut l'un des courants fondateurs de ce nouveau lien créé entre la science et la spiritualité. L'ensemble de l'univers, matériel et spirituel fut hiérarchisé et les planètes peuplées de créatures spirituelles arrivées à des niveaux d'évolution distincts. L'homme devait sa nature mortelle à la relative incompétence de ses créateurs lunaires. Dans Isis dévoilée, clef des mystères de la science et de la t...
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