Des soixante-huitards ordinaires
EAN13
9782072779138
Éditeur
Gallimard
Date de publication
Collection
NRF Essais
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
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Des soixante-huitards ordinaires

Gallimard

NRF Essais

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À ce jour, Mai 68 est au mieux, à l’occasion de célébrations anniversaires, le
prétexte à un ruisseau de publications, après des années-fleuves de
biographies exaltées de quelques grandes figures de la vie politique ou
culturelle, au pire l’origine incontrôlée de tous les maux qui frappent une
société plus inégalitaire et fracturée que jamais. Erik Neveu s’est lancé, des
années durant, dans une enquête sans équivalent ni précédent sur une
"génération" vue d’en bas : celles et ceux qui en 1968 entrèrent en
militantisme et dont il suit les trajectoires sur plus de dix ans, loin des
lumières de Paris, prioritairement en Bretagne. Il revisite des questions
faussement simples : comment peut-on s’être lancé, souvent à corps perdu, dans
des engagements qui paraissent aujourd’hui coupables ou irrationnels ? Quelle
a été au concret l’expérience de ces militantismes souvent décrits comme
aveuglément idéologisés, s’épanouissant dans un entre-soi d'étudiants et
d'intellectuels ? Que sont devenus ces militants quand, dès la fin des années
70, les organisations gauchistes se sont délitées ? L’enquête se déploie au
long cours. Par quelles influences, en termes d’origines et d’histoire
personnelle, cette génération s'investit-elle dans un militantisme tous
azimuts et selon des dispositions souvent éminemment contradictoires ? Comment
pouvait-on au sens propre passer sa vie à militer, sinon que le militantisme
était aussi un espace de sociabilités et de rencontres imprévues ? Faire un
retour critique sur ces militantismes, c’est aussi en rappeler le côté obscur
: les phénomènes de pouvoir, d’anesthésie des capacités critiques,
d’inégalités non questionnées entre femmes et hommes. Que devient cette
génération quand elle cesse de militer ? Les effets d’habitus d’engagement
sont durables et la sortie du militantisme est rarement un terminus : les
énergies militantes se réactivent dans le syndicalisme, la vie associative,
une grande diversité de causes. Beaucoup de militants d’hier vont manifester
des compétences d'entrepreneurs sociaux. Ils changent les règles d’exercice
des métiers, en inventent, essaient de faire de militantisme métier et de
métier engagement. Et contribuent ainsi à l’invention de formes nouvelles de
politisation d’aujourd’hui.
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