Le Tyran
EAN13
9791030416992
Éditeur
Éditions Allia
Date de publication
Collection
La Très petite collection
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
S'identifier
Indisponible

Autre version disponible

De ce pamphlet publié pour la première fois à Londres en 1870, probablement de
manière clandestine, on ne sait presque rien. Ce sont quelques feuillets
traduits du latin, provenant de la collection de manuscrits d’un savant
français qui l’aurait acquis peu après la révolution de février 1848.
Traducteur, auteur ou date d’écriture ? Le mystère reste entier. On y
découvrira une exploration du despotisme en sept parties aux titres évocateurs
: “Condition du tyran’, “Pendant le despotisme”, “Comment finit le
despotisme”… Il nous apprend ainsi à en reconnaître toutes les formes, des
plus violentes et manifestes aux plus insidieuses. Si pour le tyran “la
société est une proie”, il sait user du mensonge, de la corruption pour
isoler, tétaniser voire travestir son joug en liberté. “Il arrivera qu’un
peuple trahi par celui-là même qu’il avait élu se résigne impatiemment, tout
en conservant le sentiment de ses droits.” La complicité, la nécessité ou la
peur font le reste. Sidéré, on est saisi par cet esprit aux fulgurances si
actuelles, comme autant d’aphorismes du moraliste le plus clairvoyant : “Un
seul ressort suffit au gouvernement despotique : la police.” “Il est plus
facile d’organiser le silence que la liberté.” “Chacun sentant qu'il est tenu
d’obéir, méprise chez les autres l’humiliation que lui-même il subit.” Avec le
sentiment troublant de l’interdit, on se glisse dans ce texte brut qui
bouillonne, esquissé furtivement par un esprit libre et révolté. On l’imagine
vivant l’exil intérieur qu’est la lucidité, traversant en solitaire une époque
agitée : “Bientôt l’indifférence les gagne, il se produit alors cette
monstrueuse anomalie, que les hommes étant groupés plus nombreux qu’ils furent
jamais, les rapports étant entre eux plus actifs et plus fréquents, cependant
la pensée s’isole. (…) On ne pense plus ou, ce qui est pire, on évite de
penser.” À l’instar d’un Machiavel, du “Discours de la servitude volontaire”
de La Boétie ou “De la tyrannie” d’Alfieri, on garde ces passages avec soi,
pour démasquer la tyrannie partout où elle se trouve.
S'identifier pour envoyer des commentaires.