Un dernier jardin

Un témoignage végétal, à la mémoire d'un grand artiste et réalisateur, qui contre toute attente, a fait naître un jardin extraordinaire sur la terre la moins hospitalière qui soit, à l'ombre de la centrale nucléaire de Dungeness .
L'ouvrage est basé sur le carnet de l'auteur, et illustré de photos de Howard Sooley. Dans le jardin, un paysage pierreux où ne pousse qu'une maigre végétation, rien de luxuriant, rien de luxueux. Jarman trace des bordures de galets en cercles et en carrés, disperse de petits piquets sculpturaux en matériaux de récup : bois flottés, cailloux creux, outils rouillés. On peut ne pas aimer l'esthétique de ce jardin, l'aspect de cimetière produit par les objets qui se dressent et qui ont parfois une forme de croix. Mais il faut reconnaître l'humilité du travail de Derek Jarman et admirer son culot. Car cela rayonne, il a donné ce qu'un artiste peut donner de mieux : une leçon de bon goût.