sandrine57

Lectrice compulsive d'une quarantaine d'années, mère au foyer.

21,40
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2 novembre 2012

Dans la petite famille madrilène mise en scène par David Trueba dans Savoir perdre, je demande:

-La mère, Pilar! Elle s'est lassée d'une vie sans saveur et a quitté Madrid avec son patron et amant, avant que rattrapée par l'âge, son avenir soit derrière elle.

-Le père, Lorenzo! Quitté par sa femme, ruiné par son ami et associé, il est au bout du rouleau. Il pète les plombs, commet un geste irréparable, se dépatouille avec sa culpabilité, sa peur d'être arrêté par la police, fantasme sur une vieille poupée Barbie de sa fille, entame une relation avec une sans-papier, tente de se remettre sur les rails malgré le chaos de sa vie.

-Le grand-père, Léandro! Professeur de piano digne et respectable, il est totalement déboussolé depuis que sa femme Aurora est tombée malade. Après 73 ans d'une vie irréprochable, il pète lui aussi les plombs. Ses errements le conduisent dans une maison close où il s'éprend d'une jeune prostituée d'origine africaine. Cette passion le conduit aux pires extrémités et lui fait dépenser des sommes folles.

-La fille, Silvia! Elle a 16 ans et comme toutes les adolescentes de son âge, elle rêve de grand amour, s'interroge sur le sexe, pense à l'avenir. Sa route va croiser celle d'Ariel, une gloire montante du football argentin racheté par un grand club de Madrid. Privé de ses repères, de sa famille, Ariel peine à convaincre sur le terrain et se fait détester des supporters. Entre eux, l'amour naît mais sera soumis à rude épreuve par la presse à scandales.

Leurs destins à tous vont s'entrecroiser, se mêler à d'autres et faire surgir une grande leçon de la vie : pour gagner, il faut savoir perdre.
Perdre sa virginité, ses repères, son autonomie, sa dignité, ses illusions, perdre sa femme, perdre un ami, tout perdre parfois, mais pour gagner en maturité, en expérience, en lucidité. Ces destins ballottés par une vie jamais facile où ce que l'on croit acquis peut se désagréger du jour au lendemain dévoilent des sentiments, des peurs, des pudeurs, des hésitations mais aussi des raisons d'exister, de se battre, de continuer tout simplement. L'écriture de TRUEBA est riche, prolixe, ciselée. Il aime à décortiquer les sentiments, les actes et leurs conséquences. Il n'a pas son pareil pour mettre ses personnages face à eux-mêmes, à leurs faiblesses. Au final, il nous livre un roman plutôt sombre et désenchanté à l'image de la vraie vie qu'il faut parfois affronter en laissant ses rêves sur le bord du chemin....

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30 octobre 2012

C'est sur le siège arrière de sa Lincoln que Michaël Haller, avocat de la défense au barreau de Los Angeles, reçoit ses clients, bikers, petits dealers et autres délinquants sans envergure. Michaël est bon dans son domaine, d'ailleurs le mépris de ses confrères de l'accusation est proportionnel à son talent. Mais il n'a pas encore eu la chance de tomber sur un gros coup, un client solvable qui assurerait et sa gloire et sa sécurité financière. La chance lui sourit quand il est contacté par Louis Roulet, un riche play-boy accusé de viol et d'agression par une fille rencontrée dans un bar. Michaël exulte : il a enfin trouvé son "client pactole"! De plus, l'affaire est simple, Roulet est bien trop propre sur lui pour avoir commis ce dont on l'accuse. Un client fortuné et innocent, tout est au mieux pour l'avocat qui commence son travail serein et confiant.

Difficile quand on a connu et aimé Harry Bosch de s'attacher au nouveau personnage de Michaël CONNELLY...Je ressors donc tout naturellement déçue de cette lecture.
D'abord, c'est un polar procédurier ou thriller judiciaire, genre littéraire qui a trop souvent tendance à s'enliser dans des descriptions de procès sans fin. C'est malheureusement le cas ici aussi. Les explications sur le travail de l'avocat de la défense qui consiste surtout à décrédibiliser le plaignant sont longues et ennuyeuses (et puis il faut dire qu'on a tellement souffert avec l'affaire DSK que le système judiciaire américain n'a presque plus de secrets pour le téléspectateur français).
Ensuite, il y a Michaël Haller qui m'a été immédiatement antipathique. Trop cynique, vénal, imbu de lui-même pour éveiller en moi autre chose qu'un agacement certain. Par la suite, quand son client s'avère moins innocent et plus retors que prévu et qu'il se sent menacé, il devient plus humain et moins énervant. Mais c'ést trop tard, je ne l'aime pas et si j'ai pris son parti, c'est bien parce que Louis Roulet est encore pire que lui.
En conclusion, CONNELLY a voulu se renouveler, c'est méritoire mais pas convaincant. Pas indispensable.

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30 octobre 2012

Un milliard de roupies! C'est la somme fabuleuse que vient de gagner Ram Mohammad Thomas au célèbre jeu télévisé, le bien nommé "Qui veut gagner un milliard de roupies?" Le seul problème c'est que les producteurs de l'émission n'avait pas imaginé qu'un de leurs compatriotes puisse atteindre le sommet de la pyramide des gains. Les caisses sont vides, il faut trouver une parade. Bon sang mais c'est bien sûr! Le candidat a triché! Comment un orphelin, gamin des rues, simple serveur de son état, aurait-il pu répondre à toutes les questions sans un ingénieux subterfuge?!

Plainte est déposée, Ram est arrêté et au lieu de palper les billets, il tâte la matraque des policiers. Heureusement, une jeune avocate vient à son secours. Pour le disculper, elle doit connaitre la vérité et demande à son client de lui raconter par le menu les circonstances qui lui ont permis d'être si brillant lors de sa prestation.

Que dire si ce n'est que j'ai adoré ce voyage dans l'Inde d'aujourd'hui. C'est un conte de fée, assurément, et comme tout conte de fée, il recèle sa part de cruauté. Mais c'est aussi un récit d'aventures, et celles qu'a vécues le jeune Ram son loin d'être banales et nous font découvrir son pays des bidonvilles à Bollywwood. Car Ram a tout vu, tout vécu, il a été domestique, guide touristique, serveur, entre autres. Il a côtoyé la misère des rues et le faste des riches demeures. Il a connu le pire comme le meilleur de la société et des individus.
Toujours optimiste, sans jamais s'apitoyer sur un sort pas toujours favorable, Ram se raconte et décrit les évènements qui lui ont permis de remporter le jackpot. Chaque chapitre est consacré à une question du jeu, le récit n'est donc pas linéaire mais il permet tout de même de se faire une idée de se fabuleux destin de la naissance du héros jusqu'à la fin de ses mésaventures avec la justice. Tendre et terrible, souvent drôle grâce à son héros si attachant, cette histoire au ton un peu naïf, cache des trésors d'humanité et d'espoir. Un excellent livre qu'il faut lire et c'est mon dernier mot Jean-Pierre!

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30 octobre 2012

Jusque là Ethan Muller était un galeriste new-yorkais sans grande envergure, un fils à papa issu d'une riche famille, s'occupant d'art un peu par snobisme un peu en rébellion contre son industriel de père. Tout change le jour où le bras droit de ce père l'emmène dans un appartement misérable pour lui montrer des cartons. A l'intérieur, des milliers de feuilles en format A4 couvertes de dessins qui forment un gigantesque puzzle. Leur auteur, Victor Cracke, a disparu et Ethan peut disposer des dessins à sa guise. Il fait donc taire ses scrupules et organise une exposition qui rencontre un succès sans précédent. Pour Ethan, c'est la gloire tant espérée et tant pis si l'artiste n'a pas donné son accord. Il sera toujours temps de négocier s'il réapparaît un jour.

Mais le galeriste n'aura pas le temps de savourer de savourer sa réussite bien longtemps. Non loin de là, Lee McGrath un flic à la retraite reconnait sur les dessins les visages d'enfants assassinés il y a 40 ans de cela. Ethan a-t-il fait fortune grâce à l'oeuvre d'un artiste aussi génial que fou? Le jeune homme ne peut pas fermer les yeux et se lance dans une enquête sur les traces de Victor Cracke.

Alors non ce n'est pas LE thriller qui fera frissonner d'angoisse ,terrorisé par une intrigue sanglante et machiavélique! Quoi que...En découvrant l'histoire de la famille Muller l'auteur distille dans des interludes qui viennent couper le récit initial, on ne peut s'empêcher d'avoir la chair de poule. Issus d'un marchand ambulant qui a débarqué d'Europe au début du XIXè siècle, les Muller ont bâti un empire industriel mais au prix de quelques sacrifices, quelques secrets bien enfouis, quelques cadavres dans le placard. Ethan, le dernier héritier s'est éloigné de sa famille pour voler de ses propres ailes. Mais en enquêtant sur le mystérieux Victor Cracke, il va plonger dans le passé des siens. Pas un thriller donc mais un roman noir et une saga familiale, au suspense bien menée et contée par un Ethan Muller un rien prétentieux, un zeste ironique dont la personnalité superficielle gagne en épaisseur et en humanité au fil de son enquête et de ses terribles découvertes.
Si le talent est héréditaire, Jesse KELLERMAN a été servi sur un plateau et il a su exploiter ce don atavique. Son livre est passionnant de bout en bout, il se dévore avec curiosité et angoisse. Il ne faudrait pas passer à côté sous prétexte que ce n'est pas le thriller annoncé en quatrième de couverture.

8,60
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29 octobre 2012

Les corbeaux blancs viennent annoncer à tous que l'été est bel et bien fini et que le royaume des sept couronnes entre dans l'hiver. Joffrey Barathéon s'est assis sur le trône de fer mais sa légitimité est remise en question par ses deux oncles paternels qui se sont tous les deux proclamés rois. Le Nord a fait sécession et Robb Stark a lui aussi été couronné. La guerre est inévitable. Les paysans fuient les campagnes pour se réfugier derrière les remparts de Port-Réal, des bandes armées pillent les villages, des pirates écument les mers. Partout, la menace plane...jusque dans le ciel où une étrange comète flamboie...présage néfaste ou signe d'un avenir radieux? Nul ne le sait...pour l'instant.

La bataille des rois, soit, mais de bataille, il n'y en a point. C'est plutôt un tome de transition où les choses se mettent en place. Surtout du côté de Tyrion, personnage très important de ce tome, qui construit des alliances pour défendre Port-réal dont l'attaque semble inévitable. Pourtant rien ne bouge. Au Nord, les Stark et Tywin Lannister s'observent mais évitent l'affrontement. Catelyn est même en faveur d'une paix négociée avec la régente qui serait le moyen de revoir ses filles saines et sauves. Elle ignore qu'Arya, sa cadette, a réussi à fuir la capitale et tente de rejoindre Winterfell aidée par la garde de nuit. Les deux autres prétendants au trône qui se sont auto-proclamés roi sont tout aussi statiques. Stannis apparaît brièvement mais de Renly on ne connait ni les motivations ni les intentions.
Je ne vais pas faire la fine bouche, ce tome est plus politique et stratégique que bouillonnant d'actions mais je l'ai dévoré comme les deux précédents. Maintenant que je connais les forces en présence, j'ai hâte de savoir comment vont évoluer les alliances et si Joffrey saura conserver le trône de fer tant convoité. D'ailleurs, je veux connaitre le destin de chacun des personnages, surtout ceux qui ont ma préférence comme Jon, Arya, Tyrion ou Bran. Une seule chose à faire : à moi le tome 4!