.... pour bien faire ?
Parfois empreintes d’une douceur moralisatrice, parfois élogieuses, les réflexions de Lola Lafon se déploient sous la forme de courts textes et anecdotes personnelles. Avec une grande sensibilité, l’autrice s’engage sur des valeurs essentielles : l’amitié, le dialogue, le mouvement… Elle défend la vieillesse avec une émotion palpable et un profond respect, honore et illumine les femmes…
Un récit qui voudrait « sauver les mots de l’impuissance du langage », prônant l’acceptation, mais aussi un vibrant appel à la paix et à la vie… Certains chapitres semblent vouloir redonner vie à des concepts abîmés par l’usage quotidien…
Lola Lafon mêle habilement la réflexion philosophique à nos fragments de vie.
Lumineux et humain.
« L’écriture est sœur du silence et du vacillement. Elle naît du non-dit et se fabrique à bas bruit. Peut-être permet-elle de reprendre : un tracé, son souffle, la route. On y était si seule, avant de l’écrire. «
« On ne pourra pas dire qu’on ne savait pas. Mais on pourra dire qu’on ne savait pas quoi faire de ce qu’on savait. »
« Mon chien, à qui je n’ai jamais réussi à apprendre quoi que ce soit, m’a appris, lui, que ne plus être admirée est peut-être une liberté retrouvée. Il m’a appris que ceux qui se détournent des êtres vieillissants sont déjà presque morts… »
Les nuances de l’eau
La collection « Roman d’un chef-d’œuvre » propose de courts romans inspirés de faits réels où l’auteur retrace l’histoire d’un tableau dans le contexte d’origine.
Les Nymphéas de Monet, exposées à l'Orangerie depuis 1927, incarnent l'apogée de son génie artistique. Malgré la cataracte, il réinvente son art dans un atelier à Giverny, créant des toiles monumentales offertes à la France en 1918 pour célébrer la paix.
Cette œuvre magistrale reflète aussi l'amitié unique entre Monet et Georges Clemenceau, qui a permis leur exposition dédiée.
Philippe Simon évoque le talent et les démons de Monet à travers les souvenirs de Georges Clemenceau, et nous livre ici un petit bijou d’authenticité qui se lit d’une traite.
Artistique et captivant.
« Lorsque le XXᵉ siècle vient à naître, Monet se sent à l’étroit dans son jardin. Il aimerait élargir son horizon, donner davantage d’espace à ses nymphéas, varier encore en encore leurs différences de couleurs, de formes, de reflets, de douceurs….. »
« Le poids de la mort, ça vous tombe sur les épaules, comme une masse de fonte. On courbe le dos, on se tasse, quel que soit l’âge qu’on supporte… «
La porte rouge
Dans ce roman haletant, Nicolas Feuz tisse habilement deux intrigues : les abus subis par cinq détenues extradées et le drame du suicide d'une enfant de 12 ans.
L'auteur nous entraîne dans un huis clos carcéral avec une précision oppressante, révélant avec justesse les liens complexes entre détenues et surveillantes, décrivant des portraits féminins particulièrement frappants.
Le thriller, rythmé, alternant les deux intrigues et une tension constante, offre une expérience immersive et addictive et s’impose par son atmosphère sombre.
Le suspense mène à un dénouement saisissant.
Un polariste efficace à ne pas extrader !...
« Quand tout fut terminé, Tanja se releva dans la lueur glauque des néons. Depuis que l’électricité était revenue, le décor n’était plus rougeâtre, mais blanchâtre, de cette pâleur qui caractérisait la peau d’une détenue après dix jours de mitard. »
La jambe de porcelaine
Au fil de visites à une mère vieillissante, l’autrice déterre des fragments de son enfance.
Dans ce récit intime, ponctué de photos personnelles, son écriture précise et détaillée décortique et revisite le moindre indice d’une vérité longtemps dissimulée et énumère les blessures laissées par une mère solaire mais maladroite.
Bien que profondément intime, le récit captive le lecteur en ménageant un suspense habile, mêlant auto-analyse et quête, offrant à la fois un autoportrait sincère et une véritable libération.
Un roman résilient.
« Je reste dans le couloir avec mon frère invisible dans les bras, je le porte comme on porte un fardeau, lui qui n’était que bienveillance et délicatesse. »
« J’ai repensé à la jambe de porcelaine posée sur la couverture de fourrure. J’ai étiré le souvenir, jusqu’à ce que les formes se brouillent, les couleurs, les matières, et l’odeur des feuilles qui commençaient à tomber en ce début d’automne. »
ceinture bouclée
Dans ce premier roman choral audacieux, l’auteure nous invite à explorer l’univers complexe de cinq personnages interconnectés, chacun offrant un point de vue singulier.
Du séducteur invétéré à l’épouse controversée, en passant par la femme libérée et le fidèle absolu, un véritable chassé-croisé se tisse empreint de non-dits, de désirs, de charme, de domination et de fierté.
L’écriture directe et incisive aborde avec justesse les codes de la séduction et des dynamiques amoureuses. Les émotions nuancées des protagonistes s’entrelacent autour d’un accessoire symbolique agissant comme un fil rouge.
Cette comédie de situation contemporaine est portée par une narration efficace, bouclant efficacement la ceinture.
« Emma a toujours séduit des hommes plus âgés qu’elle. Ce n’est pas une histoire de sécurité, rien à voir non plus avec ces conneries sur l’absence de son père. Et puis, ce ne sont pas les vieux qui la fascinent, c’est l’effet qu’elle a sur eux. »