Maudit karma

David Safier

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  • Conseillé par
    16 août 2010

    Maudit Karma, bienheureux livre

    Cher David,

    Quand on pense d’ordinaire à la littérature allemande, on l’entrevoit aussi roborative qu’un flammenküche en hiver. Comme si dans notre éventail de préjugés, l’Allemagne se conjuguait nécessairement avec lourdeur et force figures géométriques. Il n’en est rien dans votre livre. Est-ce alors l’exception qui confirme la règle? C’est une question dont la réponse attendra une autre vie. Comme celle qui attend votre héroïne, Kim. Kim présente une émission à la télévision allemande. Elle est célèbre et imbue d’elle-même, l’un étant bien souvent la conséquence de l’autre. Un jour improbable où elle s’apprête à recevoir un prix pour son œuvre, elle est écrasée par un lavabo tombé de la station spatiale russe Photon M3. Sous le choc, elle meurt. C’est ce que croit en tout cas son entourage. Car en effet, et c’est le nœud de votre intrigue, David, elle se réincarne au plus bas de l’échelle, à savoir en fourmi. A elle maintenant de remonter l’arbre de la création pour regagner sa place parmi les êtres humains en faisant le bien. Ainsi, Kim sera fourmi, puis en cochon d’Inde, vache, ver de terre, doryphore, écureuil puis en chien, puis en Maria, une grosse femme. Comme souvent, c’est quand le bonheur et l’essentiel se sont échappés que l’on se rencontre de leur importance. Kim n’y échappe pas. Pour pouvoir reconquérir le cœur de l’homme qu’elle aime et retrouver sa fille, elle doit faire le bien. Pas si facile quand on a pris l’habitude de ne penser qu’à soi.

    On pourrait, sans lire entre les lignes, que ce roman n’est qu’une ode à la réincarnation, avec Bouddha dans le rôle du guide, et Casanova, qui suit Kim dans ses pérégrinations comme le farceur de service. Il n’en rien. Car c’est l’égoïsme et ses ravages qui sont au cœur de l’histoire comme, trop souvent, au centre de notre société.