Les enfants de dimmuvik

Jónasson Jon Atli

Les Éditions Noir sur Blanc

  • Conseillé par
    29 juillet 2015

    Alors qu'elle assiste à l'enterrement de son frère, une femme pense à leur enfance. Elle avait douze ans en 1930, sa famille vivait près de la crique de Dimmuvik en Islande. Un paysage où la nature semble hostile et où les terres sont balayées par le vent rude.
    En tant qu'aînée, elle est responsable de son frère et de sa sœur. Depuis que l'enfant que portait leur mère est mort, cette dernière s'est réfugiée dans un silence et s'est coupée d'eux. Elle passe ses journées les yeux tournés vers un mur. Leur père croyant s'en remet à Dieu alors que la faim leur tenaille le ventre. Isolés du reste du hameau, elle ou son frère ont la charge d'aller acheter le litre de lait à la ferme la plus proche. C'est ce qui leur permet de tout juste survivre.

    "Toutes les questions sont liées à Jésus sur la croix, dans la grande pièce. Il répond à toutes. A en juger par mon père. Notre situation ne le fait pas broncher. C'est un mélange inquiétant d'audace et de folie. Mais je n'ai que douze ans et je ne sais pas mettre des mots sur mes raisons. C'est un sentiment. Une crainte. Quelque chose d'animal en moi. C'est l'instinct vital qui parle. Qui crie silencieusement à la fenêtre quand le chien boiteux regarde dans ma direction avant que papa ne l'entraîne dans la bergerie déserte. Il y a parfois simplement trop de bouches à nourrir."

    Dans cet extrait, tout est criant de cette vérité qui fait mal et de ce que la fillette a compris. Et le reste du récit est pareil. Pas de fioriture, entre l'âpreté des mots se dessine la misère et ces vies.
    Et c'est d'autant plus poignant.