Le secret du prince, Gouverner par le secret - France-Bourgogne XIIIe-XVe siècle
EAN13
9791026706618
Éditeur
Champ Vallon
Date de publication
Collection
Epoques
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Le secret du prince

Gouverner par le secret - France-Bourgogne XIIIe-XVe siècle

Champ Vallon

Epoques

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Explorer la part secrète du pouvoir princier, c’est rencontrer nombre de
figures célèbres en des situations parfois scabreuses, souvent rocambolesques.
Qu’il s’agisse de Saint Louis utilisant un escalier caché pour retrouver son
épouse à l’insu de sa mère Blanche de Castille, ou des leçons d’escrime
destinées à inculquer quelques bottes secrètes au duc de Bourgogne Philippe le
Bon, les princes se méfient en permanence de leur entourage au moins autant
que de leurs ennemis. Bénéficiant d’une relation particulière avec Dieu – qui
sait à l’occasion leur envoyer quelques messages secrets par la voix d’une
bergère ou d’un ermite –, ils n’entendent rendre compte à personne de leurs
agissements, exigeant que leurs proches ne révèlent rien de leurs faiblesses
ni de leurs plans. Loin d’être anecdotique, cette pratique du secret
s’enracine dans un temps qui associe savoir, sacré et secret et constitue un
moyen de répondre aux défis d’une époque en pleine mutation : le développement
de l’écrit entraîne celui des correspondances secrètes ; la naissance de
l’impôt permanent conduit le prince à mentir sur l’état du budget ; la
publicité nouvelle d’une vie de cour rassemblant des centaines d’individus
autour de la famille princière exige des chambres de retrait. Par le secret,
les princes entendent à la fois défendre leur honneur et garantir les moyens
de leur puissance. La pratique concrète du pouvoir rejoint un imaginaire
médiéval qu’on pourrait croire folklorique mais se révèle parfois ancré dans
la réalité : certains princes font enterrer des trésors destinés à financer
leurs guerres, au risque de les perdre ; Louis XI réclame de ses
correspondants de brûler ses lettres après lecture. Rois et ducs de Bourgogne
se doivent en somme de devenir experts dans l’art du secret, pour rester
maîtres des frontières entre le public et le privé : c’est l’une des leçons
politiques de cet automne du Moyen Âge. Jean-Baptiste Santamaria est maître de
conférences en histoire médiévale à l’Université de Lille et membre du
laboratoire IRHIS. Normalien, agrégé d’histoire, il travaille sur l’exercice
du pouvoir princier à la fin du Moyen Âge. Il a publié le Petit livre des rois
France (First, 2006) et La Chambre des comptes de Lille (1386-1419) (Brepols,
2012).
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