L'ART D'ETRE MALADE  précédé par GUERIS-TOI TOI-MEME
EAN13
9782845781276
ISBN
978-2-84578-127-6
Éditeur
Manucius
Date de publication
Collection
Lieux d'utopies
Nombre de pages
146
Dimensions
15,6 x 12 x 1,2 cm
Poids
126 g
Code dewey
616.08
Fiches UNIMARC
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L'ART D'ETRE MALADE précédé par GUERIS-TOI TOI-MEME

De

Manucius

Lieux d'utopies

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Le titre de l’ouvrage du Dr. Noirot, L’art d’être malade (1871), annonce d’emblée la couleur. Sous son allure d’oxymore associant à la néfaste maladie la grâce revivifiante de l’art, il propose un projet concret où le sujet malade (mais le non-malade aussi bien) se voit invité à rechercher au plus profond de lui-même les ressources qui lui permettraient de tenir la maladie en échec, voire de la retourner contre elle-même, pour faire santé. L’auteur est conscient de l’exigence d’une telle demande : il en appelle à l’humour en citant dans son exergue ce propos de Feuchtersleben, célèbre auteur de L’Hygiène de l’âme, qui, évoquant tel brillant confrère, disait : « entre ses mains, on pouvait perdre la vie ; on ne perdait jamais l’espoir ».

Tout l’art, littéraire du Dr. Noirot, membre de nombreuses sociétés médicales en France et à l’étranger, consiste à montrer, en évoquant d’illustres personnages et en multipliant exemples, expériences, réflexions, citations, qu’un si grand espoir ne relève pas d’une illusion ou auto-suggestion qui ressortirait à la méthode Coué, mais qu’il est, littéralement, chevillé au corps et à l’âme, ensemble. On pense à La sagesse du corps qu’exaltait le neurologue anglais Hughlings Jackson, contemporain de Noirot, et plus encore au fameux « Nasamecu », la nature guérit (1913) du « psychanalyste sauvage » Georg Groddeck. Ce dernier, mettant en acrostiche, tel un kabbaliste pratiquant la notarique, l’adage latin « Naturat sanat, medicus curat » (la nature soigne, le médecin guérit), reprend à sa manière le programme duel du Dr. Noirot, qu’il ne connaissait sans doute pas : d’un côté le médecin dispense des soins, exerce l’activité technique pour lequel il a été formé ; de l’autre il importe que le malade apprenne à être son propre médecin, en laissant la « nature » agir en lui, car il est dans la « nature » même du corps humain et de son désir vital de rechercher, à travers la maladie même, les équilibres de vie que l’on désigne sous le signe de santé.

Les citations appropriées et éloquentes et les auteurs aux compétences peu contestables que Noirot mobilise pour soutenir ses diagnostics et prescriptions sont impressionnants. Il voltige, en humaniste érudit, de Sénèque à Montaigne, son favori, et à Goethe, d’Hippocrate à Ambroise Paré, et de Sydenham à Boerhave, guides éprouvés pour de fines et pertinentes réflexions sur les mouvements de l’âme et du corps, les rapports avec autrui, les âpres contraintes de la société, les facteurs environnementaux – tous aspects d’une modernité flagrante, voire subversive, et d’une pugnace vitalité, qualités qui, par « sauts et gambades » d’adages latins, font de « l’art d’être malade » un précieux vade mecum pour la santé.

– Un célèbre médecin du XVIIe siècle, F. Hoffmann, réduisait à sept règles l’hygiène préventive. Un de ses préceptes était celui-ci : « fuir la médecine et les médecins ».

– Un des praticiens les plus éminents de notre époque, le Dr Trousseau, s’exprimait ainsi :

« Depuis trente ans j’ai suivi un nombre considérable de goutteux. Au début de ma pratique, j’ai tenté, comme beaucoup d’autres, de lutter contre le mal. Aujourd’hui je reste les bras croisés, je ne fais rien, absolument rien, contre les attaques de goutte aiguë. Fort de ma conviction, j’abandonne le malade à lui-même, et je vois toujours que, la crise passée, le malade en sort dans des conditions meilleures. Par quelques jours de souffrances, il a acheté une série de bons mois d’une santé parfaite ».

– Car un poète espagnol l’a dit, « on éprouve tant de plaisir à se plaindre, que pour pouvoir le faire on devrait presque chercher le malheur ».
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