La rose de Jéricho: Polar, Polar
EAN13
9782848197531
ISBN
978-2-84819-753-1
Éditeur
Éditions Créer
Date de publication
Nombre de pages
188
Dimensions
20 x 12 x 1,4 cm
Poids
209 g
Langue
français
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La rose de Jéricho: Polar

Polar

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Mardi 13 août 1981

Lorsque le vieux flic traversa au pas de course le hall de l’hôpital, la standardiste leva à peine les yeux du numéro de Paris Match qui étalait ses photos criardes sur le comptoir de l’accueil. Elle destinait visiblement la priorité de ce qui lui restait d’empathie aux déboires familiaux de la dynastie monégasque. Les silhouettes pâles et empressées venant perturber son champ de vision à l’heure des visites relevaient désormais d’un monde parallèle et lointain. Pourtant, les événements des derniers jours lui offraient une distraction nouvelle, l’occasion de jouer un rôle dans une de ces histoires qu’elle dévorait dans les pages de Détective.
Elle n’avait pas revu celui que la police cherchait depuis trois jours, ce cinglé qui effrayait l’ensemble du personnel en venant, chaque matin depuis deux mois, visiter la comateuse de la 12. Pourtant, les médecins l’avaient informé. Coma de type 3, proche du 4 synonyme d’état végétatif. La 12 ne reviendrait pas et ils avaient proposé à la famille de prélever les organes lorsque son état s’aggraverait. Le corps appartenait d’ailleurs déjà à la science. Les internes défilaient en rangs serrés devant ce cas d’école cumulant les principaux facteurs déclencheurs de l’état de mal
épileptique responsable du coma. Outre l’arrêt total et ancien de tout traitement, ils avaient diagnostiqué un jeûne prolongé qui compliquait largement le tableau clinique.
Malgré tout, ce grand binoclard s’obstinait, passant ses journées à chuchoter à l’oreille d’un légume. Pas mal, d’ailleurs, le jardinier. La trentaine, large d’épaules, genre brun ténébreux, une sorte de Julio Iglésias qui aurait oublié d’aller au soleil. Il appartenait maintenant au décor et le charme des premières visites ne rivalisait plus avec les canines étincelantes qui s’exposaient en couverture du magazine.
Alors que le flic revenait précipitamment vers son comptoir, elle n’imaginait pas un instant s’apprêter à vivre l’épisode le plus tumultueux de son existence, celui qui, un temps au moins, allait animer sa léthargie quotidienne de plante verte blasée.
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