Conseillé par
18 août 2013

Des hommes à la guerre

Tout le long des 415 pages, on suit un même peloton, composé d’hommes et d’une femme envoyés en mission en Afghanistan. On les rencontre dans un prologue au cours d’une parade militaire treize mois après leur retour. Les uns ne peuvent se défaire de leur uniforme tandis qu’un autre a décidé de quitter l’armée. Et l’on sent dès le début qu’un lien indéfinissable les unit. Du départ pour l’Afghanistan au retour en Italie, Paolo Giordano les décrit dans une promiscuité inconfortable, dans l’épreuve du corps et de la résistance mentale.
Liés par un même choix, l’engagement pour servir leur pays, ils sont malgré tout bien différents. La cruauté caractérise Cederna qui s’impose en leader et brutalise les plus faibles. Ietri, le plus jeune, est très attaché à sa mère et voit en Cederna un mentor. Torsu cherche la compagnie d’une femme sur un site de rencontres pendant son temps libre, et René, l’adjudant est tiraillé entre le choix de fonder une famille et celui de rester libre. Quant à Egitto, le médecin du camp, figure essentielle, il fuit une histoire de famille éprouvante. Il est celui dont on en apprend le plus de sa vie passée grâce à quelques flash-back bienvenus qui permettent de sortir de l’enfer du camp.

C’est un roman intéressant que j’ai pris plaisir à lire, qui plus que la guerre, raconte les hommes qui la compose. Du désœuvrement dans le camp au convoi qui part plusieurs jours affronter la terre hostile, en passant par une épidémie causée par le manque d’hygiène alimentaire, c’est un roman prenant et sensible sur ces jeunes hommes qui reviendront différents et marqués de la guerre.

17,00
Conseillé par
18 septembre 2012

le centaure dans le jardin est de ces livres découverts dans l'émission de Busnel, La Grande Librairie, l'année dernière. Un invité (un libraire, je crois) en a parlé pas plus de quelques minutes, suffisantes néanmoins pour me donner envie de l'inscrire dans ma liste à lire.
Quelques mots sur l'auteur : Moacy Scliar (1937-2011) est un écrivain brésilien issu d'une famille d'immigrants juifs de Russie qui a exercé la médecine. Membre de l'Académie Brésilienne des Lettres, il a été qualifié par le chef d'Etat Dilma Roussef de "maître de la littérature nationale et latino-américaine".


J'ai découvert, à ma grande surprise, que Le centaure dans le jardin a été écrit dans les années 70/80. Naïvement, je pensais qu'il était le dernier roman de l'auteur, d'autant que la réédition des éditions Folies d'encre en 2011 ne mentionne pas la première date de publication (et ça c'est pas gentil-gentil). Heureusement, internet existe..!

Ce livre narre l'histoire, la vie devrais-je dire, de Guédali qui naît centaure. Pour le et se protéger, sa famille se voit contrainte de le cacher, imaginez donc les conséquences si vous découvriez votre voisin avec une tête et un buste humains et des pattes et une croupe de cheval...
Guédali grandit donc dans le secret mais plus le temps passe et plus il a envie - et besoin - de découvrir le monde. Il se fera embaucher dans un cirque, tombera amoureux, sera la cible de rejets, se fera opérer, et surtout se posera beaucoup de questions sur sa condition et mettra du temps à s'accepter entièrement.
Roman sur la différence, donc, mais aussi sur l'acceptation de sa propre différence dans une société où de tous temps la conformité fait loi, Le centaure dans le jardin mêle le conte philosophique au roman d'aventures contemporaines.
Sans ressentir le coup de coeur attendu, c'est un livre que je suis heureuse d'avoir découvert et qui m'aura suprise à quelques égards. Je n'ai pu que compatir et souffrir à la condition de Guédali et ce fut parfois assez éprouvant même si l'auteur, usant d'humour et de dérision, arrive à maintenir son roman hors du mélodramatique.
Il faut savoir aussi que ce livre a une facette... euh... coquine... puisque le sexe a finalement une part assez importante, je trouve... Non, on n'est pas du tout dans un roman érotique ni porno mais l'auteur s'est hum.. laissé aller je crois.. surtout que son personnage est pourvu d'une moitié de cheval... Imaginez !
Bref, une lecture surprenante d'un grand romancier brésilien dont je serais curieuse de lire d'autres commentaires. =)

Conseillé par
18 septembre 2012

Pour moi c’était une première plongée dans l’univers de Jonathan Dee et je peux d’abord dire que c’est dense, très dense et assez spécial ! Mais c’est tellement bien écrit qu’on est pris peu à peu dans les filets de l’intrigue et qu’on ne peut plus s’en défaire avant d’avoir tourné la dernière page.

C’est pas à pas que Jonathan Dee nous embarque dans une histoire pleine de désillusions. On est d’abord fasciné par Molly, intelligente, ravissante, rebelle et parfaite qui choquera son entourage à l’adolescence et fuira sa vie de banlieusarde ; elle a été éduquée par des parents « de classe moyenne » à l’apparence convenable et heureuse mais aux failles constamment à vif : il suffit de gratter un peu pour se rendre compte que la mère cache une lourde dépression et que le couple ne tient que grâce aux enfants vivants encore sous le toit familial.


Parallèlement l’auteur nous emmène près de John qui travaille dans la publicité. Trentenaire sans enfants, il est un jour débauché par un géant du métier un peu étrange qui veut révolutionner le monde de la pub. Sans attaches, John quitte sa compagne et son job routinier pour suivre Mal Osbourne dans son projet.
Nous nous rendrons compte que les chemins de Molly et de John se sont déjà croisés dans le début de leurs vies adulte, ils ont partagé une idylle amoureuse qui aura pris fin à cause de la belle. Lorsqu’ils se retrouveront une quinzaine d’années plus tard, John sera dévoré de ressentiments et d’amour pour la jolie Molly qui aura passé sa vie à fuir son bonheur.

Fuites, illusions perdues, voilà de quelle trempe est fait ce roman riche et dense. Riche parce que Jonathan Dee décortique la personnalité de ses personnages avec brio et sans facilités. Dense parce que ce roman m’a fait l’effet d’une toile d’araignée dans laquelle on est pris au piège dès qu’on y goutte, et même si parfois certains passages m’ont semblé trop longs, j’étais complètement happée par ma lecture…
Les désillusions ne s’arrêtent pas aux personnages de Molly et de John. Le frère de Molly essaiera de trouver sa voie dans la religion, Milo, un employé de Palladio (la nouvelle agence de pub) se donnera corps et âme à son boulot et Palladio elle-même sera le théâtre d’un évènement tragique.
La Fabrique des illusions (Palladio en VO) est une fresque sombre, dérangeante et implacable, et si le récit souffre, à mon sens, de quelques longueurs (notamment au niveau du discours sur la publicité) et aurait gagné à être raccourci, je n’en ai pas décroché grâce, sans conteste, au style remarquable et à la façon qu’a l’auteur de révéler le cynisme de l’existence.

Liana Levi

Conseillé par
18 septembre 2012

Ce roman est tout petit, soixante pages en format poche, autant dire qu’il est vite avalé mais sous ses dehors virils c’est un concentré de tendresse ! Viril parce qu’on a affaire à deux hommes : l’un a 39 ans et il passe son temps à braquer des commerces avec une dextérité de lynx… Il vit avec sa femme qu’il ne regarde plus, préférant à ses bras la nuit noire et le bitume italiens. L’autre a 18 ans et l’air paumé. Ils se rencontrent une nuit dans un restoroute et c’est là que débute l’histoire. Une histoire intense d’amitié et peut-être plus. Une histoire simple mais qui touche au cœur tant ce qui relie ces deux être est universel. La rencontre de ces deux âmes écorchées et terriblement humaines révélera leurs blessures et les pansera… peut-être.
La dernière phrase, à l’image du reste, est belle et marquante et on se surprend à l’heure de fermer l’ouvrage à rester muet et charmé… Une auteure que je découvre et dont j’aimerais lire d’autres titres ! Un coup de cœur, aussi court soit ce livre !

Conseillé par
10 décembre 2010

Finalement, lecture palpitante et interessante !

J’ai eu beaucoup de mal à terminer ce livre, mais je vous invite à lire mon billet jusqu’au bout (allez allez, courage ! ^-^), parce que finalement j’en ressors pas mal de points positifs !

Donc oui j’ai eu du mal à le terminer. J’ai dû l’abandonner à la moitié pour me plonger dans autre chose et finalement, il est resté au moins deux mois à prendre la poussière.


Le contexte : Le monde est paralysé suite aux dégradations des pipelines qui acheminent le pétrole. Le monde entier ne devient que chaos et violence. Nous suivons les aventures d’un couple et de leurs deux enfants. Dont le père est bloqué en Irak.

Ce que je lui reprochais ? D’abord un style et une intrigue trop comparable à un téléfilm de catastrophe comme on peut en voir à la télé le dimanche après-midi. Avec ce que ca comporte de mauvais enchaînements, prévisibles et pas vraiment fins. Mais je me suis ennuyée aussi durant les longs combats interminables se déroulant en Irak. Ca tire, ca meurt, du sang coule et les soldats sont vraiment dans la panade. Concernant ce point, d’accord, je me suis ennuyée, mais je n’ai pu m’empêcher de penser aux vrais soldats qui sont dans des pays en guerre. Parce que paradoxalement avec mes propos plus hauts, le roman se révèle finalement d’un réalisme effrayant.

Concernant l’intrigue, le chaos règne, c’est la loi du plus fort. Il faut se débrouiller pour boire, manger et se protéger. Les hommes deviennent des sauvages, prêts à tuer pour se nourrir. Hélas, l’organisation et la courtoisie ne gagnent pas face à la panique (et ca, c’est quand même réaliste je crois bien…). De plus, le père est impliqué à son insu dans les évènements, et sa fille est traquée par un tueur à gages…

Après ma longue interruption de lecture, le roman m’est apparu différent. C’est peut-être parce que je m’étais aéré le cerveau, peut-être aussi parce que j’avais dépassé les passages ennuyeux et que la deuxième moitié devient plus palpitante; toujours est-il que j’ai trouvé ma lecture bien plus plaisante. Les rebondissements ont même réussi à me tenir en haleine et je me surprenais à prier pour que nos héros restent en vie. J’ai même trouvé pas mal de matière à réflexion : La conversation entre un guide irakien et les soldats américains et anglais m’a fait réfléchir, je me suis aussi questionnée sur notre dépendance au pétrole, que se passerait-il si nous n’étions plus approvisionnés ? Est-ce que la situation pourrait dégénérer d’une telle façon et aussi rapidement ? Que ferait-on en fait, sans pétrole ???

Je suis loin de penser que ce roman collerait à la réalité, mais après tout, c’est une fiction distrayante et le but de l’auteur, comme il le dit à la toute fin est que chacun se questionne. L’idée de ce roman lui est venue après avoir entendu parler de Pic Pétrolier. Nos ressources en pétrole ne sont pas illimitées. Certains pensent qu’on puise déjà dans les réserves, d’autres qu’il nous reste environ cinquante ou soixante ans de ressources inexploitées (selon les mots de l’auteur). Mais c’est quoi soixante ans ? Qu’adviendra t-il des générations futures ? De quoi sera fait leur monde et comment se déroulera la fin de l’ère du pétrole ? (« comme l’âge de pierre, l’âge du bronze, celui des locomotives à vapeur »,…). L’auteur nous dit « ce n’est pas un livre sur le pic pétrolier, c’est un livre sur notre paresse et notre vulnérabilité. Sur notre dépendance au système en place. Sur le peu de responsabilité que nous acceptons de prendre quant à nos actions, à nous même et à nos enfants ».

Alors je n’ai pas la science infuse et je ne prétends pas détenir quelque vérité, mais ce livre aura eu le mérite de me faire réfléchir, et même de me distraire ! Et oui, malgré mes quelques réticences du début !

Une lecture qui conviendra aux amateurs du genre qui pourront aussi y déchiffrer un message.

Les + :

Une lecture rythmée

Des personnages attachants

Un scénario apocalyptique (bah oui j’aime bien quand même)

Le message qui est délivré entre les lignes

Les – :

Quelques longueurs (notamment en Irak)

Un scénario qui n’est pas sans rappeler les téléfilms catastrophes avec ce qu’ils comportent de lourdeurs

Pas mal de coquilles (dues à la traduction ??)