Fugue d'hiver

Ketil Bjørnstad

Le Livre de poche

  • Conseillé par
    6 février 2018

    Si sur la scène du Philharmonique d'Oslo, Aksel Vinding fait des débuts fracassants, en coulisse, un nouveau drame se joue pour le jeune concertiste déjà marqué par la perte de sa mère et de son grand amour, Anja Skoog. Sa dernière note de piano n'a pas fini de retentir que Marianne Skoog, son épouse depuis six mois à peine, quitte la salle pour retrouver sa villa, la cave et la corde qui va lui servir à se pendre alors qu'elle est enceinte de leur enfant. Déstabilisé par cet énième coup du sort, le pianiste ne pense plus à la brillante carrière qui s'ouvre à lui. Des femmes de la famille Skoog, il ne reste que Sigrun, la sœur de Marianne, une femme médecin, une femme mariée, une femme qui lui rappelle tant Anja et Marianne. Il annule sa tournée dans les capitales européennes pour s'approcher au plus près de celle qu'on surnomme ''la Dame de la vallée''. Dans le grand nord, aux confins de la Norvège, il tente d'apprivoiser la douleur, le manque mais aussi la vodka, Sigrun et Rachmaninov.

    Pour la troisième et dernière fois, nous retrouvons le jeune prodige Aksel Vinding dont la vie est marquée par des drames successifs. Comment pourra-t-il se reconstruire après cette dernière perte, celle de Marianne et de son enfant à naître ? En se consacrant entièrement à sa carrière de soliste comme le lui conseillent sa professeure, son agent et Rebecca, son amie de toujours ? Non, c'est une autre voie que choisit Aksel : la fugue vers Kirkenes, l'alcool et une femme, la dernière femme qui le rattache à ses amours défuntes. Anesthésié par le froid et la vodka, il y apprend à dompter son chagrin, à se contenter du présent en attendant de pouvoir envisager un avenir...
    Pour cette dernière virée musicale, Ketil Bjørnstad nous emmène aux confins de la Norvège, à la frontière russe, dans la région du froid mortel et des aurores boréales. Sur fond de Rachmaninov et d'improvisations jazzy, il convoque l'âme russe, la guerre froide, le deuil et l'amour éternel pour entraîner son jeune héros dans une quête désespérée du goût de vivre. Entre culpabilité et séduction, entre répétitions et réflexions, le pianiste profite de cette parenthèse pour redonner un sens à sa vie et faire la paix avec lui-même et ses mortes qu'il continue de chérir et de chercher dans le sourire ou le regard de la dame de la vallée, sa dernière conquête avant de prendre enfin son envol.
    Une trilogie de toute beauté, bercée par la musique classique et les grands sentiments, assombrie par les peines et les drames mais illuminée par l'amour et la musique. Difficile de quitter la Norvège et Aksel Vinding, Rachmaninov et Beethoven mais il est sans doute temps pour le pianiste de laisser les drames derrière lui et d'avancer vers la sérénité.