sandrine57

Lectrice compulsive d'une quarantaine d'années, mère au foyer.

Le Masque

23,90
Conseillé par
12 mai 2014

Alors que jusque là John Tallow faisait son boulot de flic sans réelle motivation, il change de philosophie le jour où Jim Rosato, son partenaire, est descendu par un forcené à poil dans un vieil immeuble new-yorkais. C'était Jim le bon flic, celui que tout le monde appréciait, qui s'y connaissait en bagnole, en conduite et qui passait toujours le premier lors des interventions. Alors John flingue le pourri qui a tué son coéquipier et, encore souillé du sang et de la cervelle de son ami, commence ses investigations dans l'immeuble. Ce faisant, il découvre un appartement blindé, véritable cache d'armes où au moins deux cents flingues en tout genre sont artistiquement disposés du sol au plafond. Sommé par sa chef de régler cette affaire au plus vite, John se rend compte que les armes ont servi à commettre des crimes non résolus, qu'il est seul sur le coup et que sa hiérarchie va enterrer l'affaire et sa carrière avec. Heureusement, dans son malheur il a la chance de tomber sur deux TSC (techniciens de scène de crime) un peu barrés mais très doués qui vont mettre toutes leurs compétences au service de la quête de celui qu'il a baptisé ''Le chasseur'', cet homme insaisissable qui a fait de Manhattan son terrain de chasse et tue en toute impunité depuis des décennies.

Si Warren ELLIS est surtout connu pour son travail de scénariste chez Marvel, il ne démérite pas avec ce polar sombre et déjanté très réussi. Manhattan, comme si on y était, avec son lot de crimes et ses flics en patrouille. L'auteur nous donne d'ailleurs à voir une police bien loin de l'image idéale véhiculée par les séries du genre. Ici, pas de solidarité, pas d'amitié, pas de soutien. Les gradés ne pensent qu'à leur carrière et à une éventuelle promotion, personne ne veut se mettre son supérieur à dos, en bref, personne ne veut se mouiller. Carriérisme et corruption sont érigés en valeur et les flics de base de débrouillent avec la rivalité entre services, le manque de moyens, le manque d'effectifs et les coups tordus de la hiérarchie. Au travers de ses personnages de flics désabusés qui font de leur mieux tout en pressentant que leur affaire finira aux oubliettes, ELLIS dresse le portrait d'une société américaine où le crime est un fait banal dont l'individu lambda se tient pour préserver sa tranquillité et qui n'intéresse le flic que dans la limite où il peut en tirer bénéfice. Mais, là où il aurait pu se contenter d'écrire un énième scénario pour un épisode de NYPD blue, il a su se démarquer en raconter aussi l'histoire de la ville depuis l'époque où elle était le territoire des amérindiens. Anecdotes historiques, légendes amérindiennes et physionomie de l'ancienne Manna-hata des Lepones émaillent un récit vif et percutant que l'on dévore avec jubilation. John Tallow , anti-héros partagé entre sa volonté d'aller jusqu'au bout et son envie de tout lâcher est un personnage qu gagne en épaisseur au fil de l'histoire et qu'on aurait plaisir à retrouver dans d'autres enquêtes, surtout s'il est encore une fois secondé par Bat et Scarly, les deux énergumènes du service technique qui apportent la dose d'humour nécessaire pour contrebalancer les horreurs décrites par le menu.
Un polar qui tient la route, efficace et addictif.

Fleuve Editions

Conseillé par
10 mai 2014

Sur son piton rocheux battu par les vagues de l'Atlantique, l'hôpital militaire Saint-Augustin semble un lieu mystérieux mais préservé de l'agitation des services hospitaliers. Trois jeunes internes y effectuent un stage, au calme, loin de leurs familles. Seuls civils parmi les militaires, ils se sont rapprochés et une solide amitié les unit. Aussi, quand JC d'Orgeix est porté disparu par une nuit de tempête où il était de garde, Tom Castille est bouleversé. Certes, JC s'était refermé sur lui-même ces dernières semaines mais de là à disparaître...Le mystère s'épaissit encore quand le lieutenant Bost et ses hommes de la Gendarmerie de Bayonne investissent le domaine dès l'aube, avant même que l'hôpital n'ait eu le temps de donner l'alerte. Tom s'interroge : Qu'est-il arrivé à JC ce soir là ? Que s'est-il passé avec son dernier patient, décédé dans des conditions douteuses ? Le jeune interne décide de se lancer à la recherche de son ami, levant ainsi le voile sur les mystères qui entourent Saint-Augustin.

Le Pays basque sauvage, noyé sous des trompes d'eau, fouetté par l'océan, un hôpital isolé, un inquiétant étage dédié aux malades psychiatriques, des meurtres récents liés à des morts plus anciennes, une malédiction lancée par des moines en colère, tous les ingrédients sont là pour créer une ambiance glauque et oppressante. Dans cette atmosphère lourde de mystère, c'est un médecin qui enquête, plus ou moins aux côtés d'un lieutenant de gendarmerie. Les deux sont obstinés et décidés à découvrir la source des meurtres et leur collaboration est facilitée par l'ouverture d'esprit du militaire qui accepte d'être aidé sans râler ou menacer, et l'intelligence de l'interne qui prend des risques calculés et ne fait pas de rétention d'informations. Pour son premier roman, David-James KENNEDY a réussi un page-turner au suspens haletant qui conduit le lecteur dans les méandres d'une intrigue alambiquée à souhait où se côtoient un médecin fou, des femmes amoureuses, des internes prompts à mourir et comme un pâle rayon de soleil au milieu de toute cette noirceur une femme étrange, belle à se damner, fragile mais toujours debout.
Pour en savoir plus, il faudra lire Ressacs, sans hésiter à se laisser ballotter par les flots incessants de l'Atlantique.

Conseillé par
9 mai 2014

Quand la réveil de Dom Silvagni sonne en ce samedi matin, il sait que ce n'est pas un jour comme les autres qui commence puisque c'est son anniversaire. Mais il est loin de se doute de la surprise que lui réservent son père et son grand-père. Les deux hommes lui révèlent un terrible secret: à cause d'une dette contractée par un lointain ancêtre auprès de la 'Ndrangheta , chaque garçon premier né de la famille doit subir six épreuves concoctées par l'organisation mafieuse. S'il refuse ou s'il rate, la 'Ndrangheta prélèvera une livre de sa chair. A la fois incrédule et horrifié, Dom s'insurge mais se rend vite compte qu'il ne peut échapper à...La Dette. Le choc est rude pour cet adolescent qui jusqu'ici menait une vie de privilégié dans le cocon de son quartier huppé de Gold Coast, avec pour seul souci ses résultats sportifs et sa rivalité avec Tristan, son détestable voisin. Et sa première mission n'est pas faite pour le rassurer. La Dette exige de lui qu'il capture Otto  Zolt-Bander, dit ''Le Zolt'', sorte de Robin des bois moderne, détesté des autorités, adoré par des milliers d'adolescents et, surtout, parfaitement...insaisissable !!

Même si l'intrigue de Rush trouve sa source dans une vieille tradition calabraise, son ton est résolument moderne. La 'Ndrangheta, entité abstraite, pudiquement nommée ''La Dette'' par les Silvagni dispose de tous les moyens technologiques pour suivre, surveiller et menacer ses débiteurs. Et Dom, le jeune héros, n'est pas en reste avec Facebook, Iphone et même une sœur "geek" pour le soutenir. Cet ancrage dans le vécu des adolescents d'aujourd'hui ne pourra que plaire au lectorat concerné, d'autant que Dom est un garçon sympathique auquel on peut s'identifier facilement, même s'il évolue dans un monde où les piscines sont de taille olympique, les villas somptueuses, les voitures surpuissantes et les comptes en banque bien garnis. Il n'empêche qu'on prend fait et cause pour le fils de milliardaire, qu'il soit obligé de pister un bandit, de tout donner sur une piste d'athlétisme ou de contourner les viles manœuvres de son voisin et rival, l'arrogant Tristan.
Rythmé et efficace, léger et dans l'air du temps, ce Rush est convaincant et propose un moment de pur divertissement qui saura toucher son public.

Conseillé par
6 mai 2014

Les clients sont nombreux, en cet hiver venteux, à se presser dans le centre de thalassothérapie breton où Guillemette est masseuse. Venus de tous horizons, ils sont là pour prendre leur habituelle dose de détente comme Mona Gutman, riche vieille dame qui garde bon pied bon œil malgré les 65 ans et quelques qu'elle veut bien avouer. Certains sont venus pour se retrouver, loin d'une vie familiale et professionnelle trépidante, comme Marion et Thomas qui tentent de faire rejaillir la flamme d'un amour étouffé par la vie quotidienne. D'autres n'ont pas choisi de faire une cure : Iris, odieuse working girl, forcée au repos en attendant un financement qui lancera sa carrière outre-manche ou Victor, le fils de Mona, venu à la demande insistante de sa mère et bien décidé à lui soutirer les 500 000 euros dont il a besoin pour finaliser son dernier projet. Sous les yeux de Cyril, l'impavide réceptionniste, ce beau monde se fait masser, doucher, envelopper, bichonner, inconscient du privilège que cela représente pour une femme comme Claudine. L'heureuse gagnante du concours « La Laitière » a quitté son lotissement de Trappes, ses enfants exigeants, son mari récalcitrant, et compte bien profiter de ce séjour en solitaire pour ne penser qu'à elle. Guillemette, qui d'habitude n'a pas son pareil, pour dénouer les tensions, assouplir les muscles, calmer les douleurs, est totalement déconcentrée. Son père vient de lui révéler un douloureux secret de famille qui lui met le cœur et la tête à l'envers.

Un roman choral comme on les aime ! Une bouffée d'air frais qui compte son lot de rebondissements, d'amour, d'amitié, de bonheur et de larmes. Dans le microcosme de cet hôtel huppé se croise le meilleur comme le pire : des personnes qui cachent leurs failles sous un sourire de façade ou un caractère de cochon, des gens sûrs d'eux en apparence, d'autres moins à l'aise. La thalasso, moment de lâcher-prise par excellence, va les faire se questionner, réfléchir sur leurs désirs, leur avenir, le sens de leur vie et peut-être sauront-ils se découvrir et pourquoi pas changer.
Tous les personnages sont attachants et on les voit avec plaisir se dépatouiller dans leurs contradictions et réagir au grain de sable qui vient enrayer une vie jusqu'alors bien huilée.
Elise TIELROOY, que l'on connaît surtout pour son travail de comédienne, signe ici un premier roman plein de fraîcheur et d'optimisme qui sait allier légèreté de ton et propos plus graves. Une belle réussite où l'on apprend que le bonheur est accessible à condition d'avoir le courage de le vivre. Un coup de cœur !

thriller littéraire

Fleuve Editions

Conseillé par
5 mai 2014

De retour chez lui après un voyage d'affaires à Paris, Jean de Renom est froidement assassiné dans l'entrée du château de son domaine viticole du Bordelais. Seule sa femme Camille était présente sur les lieux, sa culpabilité ne fait donc aucun doute. La jeune maman, sujette à la dépression et au baby blues, ne nie pas les faits mais n'avoue pas non plus, victime d'un trou noir dans sa mémoire.

Pour Gilles Guédrout, le commissaire chargé de l'enquête, le choc est rude. Proche de la famille, il connaissait Jean depuis l'enfance et il a du mal à imaginer la douce Camille abattant son mari à bout portant. Pour ne pas être accusé de partialité et surtout pour trouver des circonstances atténuantes à son amie, il fait appel à Amédée Mallock, son mentor, justement en vacances dans la région. Le commissaire parisien qui reprend des forces dans sa villa d'Andernos, ne rechigne pas à aider son collègue, même si l'affaire se corse avec l'entrée en scène de Sophie Corneille, députée et possible future présidente de la République, mais aussi mère de la suspecte. Intrépide et tenace, Mallock n'hésitera pas à déterrer les plus sombres secrets des de Renom et des Corneille, familles très en vue de la région.

Une malédiction ancestrale, un meurtre en chambre close, un porte-avions, un vignoble, une épée, le Saint-suaire, les larmes du Christ, autant d'ingrédients avec lesquels se démènent un templier, un vicomte fou, un chevalier, une sirène, une politicienne, un juge et deux flics, une merlette et deux gerbilles. MALLOCK, l'auteur, a donné son nom à son commissaire qui résout ici sa quatrième enquête. Si ce n'est déjà fait, il est impératif de lier connaissance avec ce policier efficace et intègre, bourru en apparence, mais qui cache un cœur tendre. Brisé par la mort de son fils, il n'en demeure pas moins le meilleur flic de la capitale. Pour cause d'enquête décentralisée, on ne fait qu'effleurer les différentes personnalités de son équipe mais on sent bien que le chef est très apprécié, surtout quand il se met aux fourneaux pour concocter un repas fin à sa façon. Jouant avec ses intuitions, ne craignant rien ni personne, Mallock sera un précieux soutien pour démêler une affaire mystérieuse dont les tenants remontent au XIVè siècle.
Beaucoup de suspens, d'excellentes connaissances du travail de la vigne, une reconstitution historique de la région au Moyen-âge, une écriture soignée et très littéraire, une forte dose d'humour, des personnages fouillés et un commissaire sympathique et attachant...MALLOCK réussit là un superbe polar qui donne envie de continuer à suivre son enquêteur pour de nouvelles aventures. Parfait !