L’amour et les forêts

Eric Reinhardt

Gallimard

  • Conseillé par
    11 juin 2016

    Un livre beau et frémissant. Lumineux dans toute sa noirceur, exaltant de toute l'infinie mélancolie qu'il dégage. Un message éblouissant adressé aux femmes brimées et perdues.
    Au-delà de toute victimisation, Bénédicte Ombredanne tient les rênes de son destin, en tisse les fils et devient une héroïne indétrônable et inoubliable.
    Eric Reinhardt, maître d'oeuvre d'un destin tragique et incandescent servi par une magnifique écriture.
    gracedubois


  • Conseillé par
    21 décembre 2014

    Touché par la lettre d'une de ses lectrices, Eric Reinhardt fait une entorse à sa règle et accepte de rencontrer la jeune femme lors d'un de ses passages à Paris. Cette rencontre amicale sera suivie de quelques mails, quelques SMS et d'une seconde rencontre, essentielle celle-là puisque Bénédicte Ombredanne, professeure agrégée de lettres dans un lycée messin, mariée et mère de famille, entreprend de lui raconter sa vie. Une vie qu'elle rêvait enchantée, sublimée, merveilleuse, mais qui s'est brisée sur l'écueil de la réalité. La jeune fille qui avait tout pour réussir est, la trentaine passée, une femme résignée, sous la coupe d'un mari abusif qui fait de sa vie un enfer.

    On a beau avoir tout pour réussir, parfois la machine se grippe. Une déception, un échec et on se retrouve démuni et prêt à se tourner vers une main tendue dans ce moment difficile. Ce moment de faiblesse ne prête pas à conséquence, le temps guérira les blessures...Mais si la main tendue est moins amicale qu'il n'y paraît, le drame s'installe. Si celui qui est là, toujours présent, attentif, protecteur, en profite pour se rendre indispensable, prendre le dessus, prendre le contrôle, alors tout bascule. Et c'est ce qui est arrivé à Bénédicte Ombredanne, héroïne tragique du dernier roman d'Eric REINHARDT. L'ami d'enfance qui lui fait remonter la pente après un rude échec, est un pervers narcissique prêt à lui faire payer l'indifférence dont il a été victime jusque là. Sous son emprise, Bénédicte se fane peu à peu, oublie ses aspirations, ses ambitions, se recroqueville sous le regard toujours critique d'un mari humiliant et possessif. Pourquoi reste-t-elle ? Et pourquoi toutes les femmes dans son cas continuent-elles de supporter jour après jour les tortures psychologiques infligées par un mari despotique qui combat un sentiment fort d'infériorité par un féroce besoin de contrôle et de domination ? Par gratitude, amour, peur ? Parce qu'il a détruit en elles toute rébellion, toute confiance en soi ? Parce qu'elles ne supporteraient pas un nouvel échec et veulent donner à leur entourage l'image du bonheur conjugal ?
    Avilie, asservie, Bénédicte Ombredanne est seule, isolée, par le despote, de ses amis et de sa famille, éloignée de ses enfants par le travail de sape et de manipulation de son mari. C'est dans la lecture et l'écriture qu'elle s'évade, puisant là la force de continuer. Grâce à son imaginaire, elle peut vivre une autre vie, rencontrer peut-être l'amour véritable, la passion...Et en payer le prix ! Le harcèlement de son mari ne connaît pas de limites, se moque du jour et de la nuit, la tue à petit feu, la privant de sommeil, de calme, de vie.
    C'est ce lent processus, insidieux et pervers, que raconte Eric REINHARDT dans ce livre où il se met en scène, dépositaire des confidences et des secrets de Bénédicte, sans s'imposer. Il devient un personnage à part entière de cette histoire à tiroirs où les révélations arrivent lentement, où l'on ne peut pas toujours démêler le vrai du faux, mais où Bénédicte Ombredanne, soumise mais lumineuse, raconte l'amour de la vie et la capacité à sublimer chaque instant, chaque petit rien, pour en faire quelque chose de précieux. Une héroïne forte et touchante, portée par la très belle plume d'un auteur qui signe ici un roman attachant et marquant.


  • Conseillé par
    1 décembre 2014

    La vie de Bénédicte Ombredanne professeur de français, mariée et mère de deux enfants croise celle d'Eric Reinhardt au départ par le biais d'une lettre . Elle lui a écrit pour dire combien elle a aimé son livre et combien il l'a aidé, il va lui répondre. Et exceptionnellement, l'auteur et la lectrice se rencontrent, discutent et Bénédicte se confie à lui. Son mari est un manipulateur et un tyran. Elle est harcelée moralement, il surveille ses faits et gestes en permanence. Sous ce ciel chargé, elle connaît une aventure amoureuse et romanesque. Une journée de grâce dans sa vie. Le retour à la réalité en saura d'autant plus dur que son mari la soupçonne de l'avoir trompé.

    Cette histoire pourrait être à elle seule matière à un livre. Sauf que le plus dur est à venir dans les pages suivantes où on découvre réellement la vie de Bénédicte Ombredanne. De cette épouse et de cette mère qui a trouvé refuge dans la lecture, se nourrissant de ses rêves qui lui permettent d'encaisser l'impensable. Des rêves bercés d'un romanesque empreint d'une autre époque.
    Eric Reinhardt lève le voile sur d'autres facettes plus terribles. Et il s'agit d'un véritable crève-coeur, écoeurant, révoltant qui a eu sur moi l'effet d'un poignard. Je me suis répétée ce que ce n'était pas possible comme pour m'en convaincre tant j'étais abasourdie.
    J'ai été secouée, bousculée mais ce mélange de fiction et de réalité m'a également mise mal à l'aise. Car à travers ce récit, j'ai ressenti une forme d'impuissance face à cette situation. Et dans le cas où elle s'est produite, j'ai eu l'impression d'une absence de regrets (et celui de n'avoir pas agi...).

    Pas une seule seconde, je n'ai eu envie de juger Bénédicte et je réfute tous ces discours qui affirment qu'une femme harcelée peut partir ou pire qu'elle se complait dans son rôle de victime. Comment ne pas ressentir de l'empathie pour elle ?
    Malgré les nombreuses qualités de ce livre (et quelques petits défauts), je reste quand même en retrait car la fin m'a littéralement assommée...


  • Conseillé par
    10 novembre 2014

    amour, coup de coeur

    J'ai pleuré, oui, j'ai pleuré comme rarement en refermant ce roman.

    Pourtant, ce n'était pas gagné à cause du style si particulier de l'auteur. Jusqu'à ce que je comprenne qu'en fait, il se faisait plaisir avec les mots, allant jusqu'à insérer des allitérations en plein milieu de phrases entre deux mots qui n'ont rien en commun si ce n'est leur sonorité.

    Les métaphores sont nombreuses mais poétiques, je pardonne donc à l'auteur.

    Et puis l'histoire. Comment vous donner envie sans trop en dévoiler ? Comment vous expliquer le lien si particulier et si beau entre l'amour et les forêts, dans ce roman ?

    J'ai trouvé étrange ce procédé stylistique qui fait que l'auteur répète inlassablement le nom de Bénédicte Ombredanne. Mais il sert si bien l'histoire, finalement. Et moi-même, je ne peux que lui rendre hommage.

    Il est également question de Villiers de L'Isle Adam. En cela, le découpage du livre est assez étrange, qui commence sur le récit du narrateur, se poursuit sur le récit de Bénédicte Ombredanne, puis un passage "à la manière de" et enfin, la révélation finale tout simplement ahurissante.

    Maeve n'a pas aimé ce que moi j'ai apprécié, et inversement.

    Un roman qui restera un coup de coeur et par le fond et par la forme.

    L'image que je retiendrai :

    Celle de la bague de Bénédicte Ombredanne avec un oeil dessus et ses bottines à laçage compliqué.

    http://motamots.canalblog.com/archives/2014/11/10/30912866.html


  • Conseillé par (Libraire)
    26 septembre 2014

    Emotions garanties ...

    Confidences à un écrivain d'une femme dans "l'enfer" de l'emprise de son mari.
    Emotions déroutantes presque étouffantes de réalisme de cette héroïne lettrée et en survie ...


  • Conseillé par
    24 août 2014

    Mais qui est cette femme?

    **I**l est tout de même très rare, voire -reconnaissons-le- très très rare, qu’un auteur garçon s’intéresse de près à un personnage féminin, au point d’en faire le sujet d’un roman. C’est pourtant le cas ici. Eric Reinhardt, après " Cendrillon " et " Le système Victoria ", poursuit son ambition de faire une littérature en prise avec le monde, et d’en découdre avec la classe moyenne. Cependant, contrairement à ses romans précédents, on ne trouvera pas ici une analyse des rouages et des méfaits de l’ultralibéralisme –quoique. " L’amour et les forêts " propose d’abord un portrait, celui d’une femme écrasée par son mari.

    Dans les premières pages, un narrateur –Eric Reinhardt, écrivain- rencontre une lectrice, enthousiaste et attachante. Une correspondance par courriels s’installe mais, à partir d’un certain moment, cette relation lui échappe. On ne sait ce que veut cette femme, qui se confie à lui et se révèle terriblement malheureuse. Mariée à un homme qui la persécute, elle aimerait changer de vie mais n’y parvient pas, et ses tentatives pour échapper à son sort ne font que resserrer la nasse que son mari a construite autour d’elle, jusqu’à l’étouffer. On sait peu de choses d’elle, à part les messages qu’elle envoie au narrateur, ce qu’elle dit de son histoire, quelques bribes, au cours de deux courtes rencontres, et des textes, extraits de son journal intime, qu’elle lui transfère. L’écrivain décide d’enquêter sur cette existence qui l’intrigue : comment une femme

    Lire la suite de la critique sur le site o n l a l u


  • Conseillé par (Libraire)
    23 août 2014

    Eric Reinhardt dresse le portrait bouleversant d'une femme au comble de l'abnégation, qui subira son mari jusqu'au bout et même après. Une héroïne de notre temps, infiniment émouvante, terriblement complexe ...