sandrine57

Lectrice compulsive d'une quarantaine d'années, mère au foyer.

8

Kurokawa

Conseillé par
15 octobre 2013

Prisonnières de la bande d'Akira, Ayumu et Miki réussissent à alerter Sonoda grâce à un téléphone portable. Mais quand Akira s'en rend compte, il est fou de rage. Il sépare les deux amies et décide de s'occuper d'Ayumu en priorité pour complaire à Manami. Avec ses sbires, ils vont violer la jeune fille et filmer toute la scène.

Peu de texte mais beaucoup de dessins violents à caractère sexuel : attouchements, poitrines dénudées, etc. Un tome très sombre où la perversité d'Akira est dévoilée. Les deux amies réussissent à se sortir in extremis de cette épouvantable situation grâce à la volonté féroce de Miki et au courage de Sonoda mais elles ne sont pas encore hors de danger, Miki est au plus mal. Va-t-elle survivre à ce cauchemar?
Les épreuves ne semblent pas encore terminées pour Ayumu, sauvée pour un temps seulement puisque Manami s'est juré de la détruire.
Un tome très noir, très violent qui met mal à l'aise.

Conseillé par
14 octobre 2013

On avait laissé Conan en grand danger à la fin du tome 5, c'est donc avec inquiétude qu'on le retrouve toujours aux prises de ce terrible homme masqué. Qu'on se rassure, ce n'était qu'un canular destiné à lui faire prendre conscience du danger pour un petit garçon de se prendre pour un grand détective. Mais Conan ne veut pas entendre raison et il réintègre l'appartement de Ran et Mouri, prêt pour de nouvelles enquêtes.

Un homme d'affaire assassiné avec un sabre, un cadavre qui disparaît, un écrivain tué par balle...tant de crimes mystérieux mais qui ne le restent pas longtemps pour le détective futé. Lui mieux que nul autre sait que l'habit ne fait pas le moine et qu'il ne faut pas se fier aux apparences. Derrière les protestations d'innocence les plus sincères et les alibis les plus solides se cache souvent un meurtrier aussi retors que machiavélique!
Encore un tome plaisant où Conan fait la preuve de son infaillible flair et où l'on retrouve avec plaisir ses zélés camarades du club des détectives. Le seul bémol viendrait du découpage des épisodes. Ce tome s'arrête au moment où Conan vient de trouver le moyen de confondre un coupable. Certes on peut imaginer que c'est pour ménager le suspense mais on peut aussi pencher pour un découpage irréfléchi, voire irrespectueux pour le lecteur...

Anatole France

Bibebook

Conseillé par
13 octobre 2013

Philologue et linguiste, l'érudit Sylvestre Bonnard vit avec son chat Hamilcar et sa vieille bonne Thérèse. Dans son appartement parisien, baptisé par lui, la "cité des livres, ce bibliophile passionné passe son temps le nez dans les inventaires et les catalogues à la recherche d'un livre rare, d'une pépite à acquérir. Malgré ses soixante ans bien sonnés, il n'hésite pas par exemple à se rendre en Sicile dans le but de mettre la main sur un exemplaire de La Légende Dorée de Jacques de Voragine qui de surcroît contient un texte inédit de Jean Toutmouillé ! Après bien des péripéties, le livre tant désiré finira par rejoindre sa collection grâce à une princesse russe.

Si Sylvestre Bonnard est un vieux célibataire, il a connu lui aussi dans son jeune âge les affres de l'amour. La jeune fille aimée s'appelait Clémentine mais les aléas de la vie ne leur ont pas permis de concrétiser leurs sentiments naissants. C'est donc avec beaucoup d'émotions qu'il rencontre, tout à fait par hasard, la petite-fille de Clémentine lors de l'inventaire d'une bibliothèque près de Melun. Orpheline et pauvre, la jeune Jeanne Alexandre le charme immédiatement par sa fraîcheur et sa simplicité. En souvenir de son amour de jeunesse, Sylvestre prend l'engagement de lui assurer un avenir radieux. Mais Jeanne est sous la tutelle de maître Mouche, notaire austère qui la place dans la pension pour demoiselles de mademoiselle Préfère.

Anatole France n'est plus un auteur au goût du jour. Et pourtant, quelle belle plume! Amoureux de la langue française et des beaux livres, il décrit si bien les reliures, les velins, les enluminures, les gravures, et cela en maniant les subjonctifs présents et passés avec brio et sans lourdeur. Le journal de son Sylvestre Bonnard nous emmène dans de Paris de la fin du XIXè siècle dans le monde des belles lettres. Passionné et passionnant, son héros à l'humour pince-sans-rire est un homme bon et généreux. Ne vivant que pour ses livres, il n'en est pas pour autant aveugle et sourd au monde qui l'entoure. Il peut ainsi offrir une bûche à des indigents vivant dans le grenier de son immeuble tout en restant assez lucide pour ne pas s'imaginer avoir fait là un geste héroïque. Il sait très bien qu'il s'est arrangé avec sa conscience chrétienne à moindre frais. Mais comment cet érudit, cet être pondéré à la vie bien rangée sera-t-il amené à commettre un crime?! Et bien sous le calme apparent de Sylvestre Bonnard se cache le feu des folles passions. Il n'est pas homme à se tenir tranquille quand le bonheur d'une jeune fille est en jeu! Il fera fi des convenances et même des lois pour arracher sa Jeanne des griffes d'un notaire véreux et d'une vieille fille acariâtre. Il y aura crime, mais qu'on se rassure, ce ne sera pas un crime de sang.
Le journal de Sylvestre Bonnard est un bonheur de lecture, un texte riche mais accessible qui se lit le sourire au lèvres grâce à ses traits d'esprit et son amour des livres. Chaque lecteur pourra se reconnaître en lui : vouloir un livre à tout prix comme on désirait un jouet lorsqu'on était enfant, se promener chez les bouquinistes ou dans les librairies et ne pas pouvoir partir sans un livre sous le bras : "...ils sont tous mes amis, et je ne passe guère devant leurs boîtes sans en tirer quelque bouquin qui me manquait jusque là, sans que j'eusse le moindre soupçon qu'il me manquât". On ne saurait mieux dire!
Alors même si les histoires sont assez attendues et que l'on en devine la fin assez rapidement, ce livre vaut le détour pour son personnage atypique et son style magnifique. Une très belle découverte.

ary Poppins

Le Livre de poche jeunesse

Conseillé par
12 octobre 2013

Au 17 de l'allée des cerisiers, la maison des Banks est en émoi. La nounou vient de rendre son tablier, laissant les quatre enfants, Jane et Michaël, John et Barbara, sans personne pour s'occuper d'eux. C'est portée par le vent d'Est que va arriver Mary Poppins pour occuper cette place laissée vacante. Autoritaire et revêche, Mary sait se faire obéir des enfants d'un simple regard. Mais la discipline de fer qu'elle fait régner dans la maison n'est rien au regard du monde féerique qu'elle leur fait découvrir : la boussole qui emporte pour un fabuleux tour du monde, la vache rouge qui danse la gigue, le visage du zoo la nuit...

Pour qui garde à jamais le visage de Julie Andrews associé à celui de Mary Poppins, cette lecture est un vrai choc. Bien loin du charme, de la gentillesse et du sourire de l'actrice, la gouvernante est ici une femme acariâtre, sévère, peu sympathique et même vaniteuse. Elle ne sourit jamais, est à peine polie, dit toujours "non!", ne répond à aucune question et nie farouchement tout rapport avec l'univers de la magie. Pourtant, c'est elle qui apporte la fantaisie, le merveilleux, l'imaginaire dans la maison des Banks. D'ailleurs, les enfants ne s'y trompent pas et adorent leur nouvelle nounou qu'ils traitent avec tous les égards pour ménager sa susceptibilité. Avec Mary Poppins, acheter du pain d'épice, prendre le thé, se promener au parc, tout prend des allures de fête, tout est surprenant, tout est merveilleux. Et quoi qu'elle en dise, Mary est elle aussi attachée à ces enfants. Son comportement austère s'explique sans doute par son devoir d'éducatrice qui doit éviter de "copiner" avec ceux dont elle a la charge pour conserver leur respect.
Les historiettes imaginées par Pamela LYNDON TRAVERS sont un régal qui ravira petits et grands. Elles conservent un charme délicieusement désuet que l'on perçoit dans le vocabulaire, les tournures de phrases et les évènements relatés. Complémentaire du film qui a bien su transmettre l'ambiance tout en adoucissant la personnalité de la nounou, ce livre vaut pour son caractère authentique, loin de toute mièvrerie. Pas absolument indispensable mais à lire comme une curiosité.

Conseillé par
11 octobre 2013

Né d'un père iranien et d'une mère juive new-yorkaise, le petit Saïd rêve d'un skateboard mais sa mère n'a pas les moyens de le lui offrir. Cela importe peu puisqu'un jour les skateboards seront gratuits. Quand la révolution des travailleurs aura vaincu le capitalisme, les patrons, les propriétaires, les salauds de riches perdront leurs privilèges et tout le monde pourra disposer d'un skate à sa guise.

En attendant ce jour béni, il faut réveiller la conscience du peuple. Et les parents de Saïd s'investissent à fond dans cette tache. Le père quitte sa femme, appelé par la révolution, aux Etats-Unis, puis en Iran où le Shah est sur le point d'être chassé du pouvoir et du pays. Et la mère distribue des tracts, assiste à des réunions, des meetings, des manifestations, bref, est sans cesse là ou le parti des travailleurs socialistes a besoin d'elle. De New-York à Pittsburgh, de logements insalubres en quartiers mal famés, la mère célibataire, militante avant tout, entraîne son fils dans le sillage des causes à défendre, certaine qu'un jour, quand elle sera à la hauteur de ses engagements politiques, son mari reviendra vers elle. C'est ainsi que Saïd grandit, privé de skateboard, privé de raisin quand les ouvriers viticoles sont en grève, privé de ses frère et soeur enrôlés très jeunes par le Parti, privé de ses parents appelés par la cause, obligé de se construire avec une vision du monde faussée par les idéaux politiques de sa famille.

Avec une bonne dose d'humour et de lucidité, Saïd SAYRAFIEZADEH raconte son parcours de fils de militants communistes dans l'Amérique des années 70/80. Né dans une famille atypique et décomposée où la Cause prime sur le bien-être, il s'est construit dans l'antagonisme entrre les valeurs socialistes et les convictions du reste de la population américaine. Quand chacun rêve de réussir, de posséder, de s'enrichir, sa mère vivait pauvrement par choix, renonçant à une carrière d'écrivain pour servir le Parti. Quand ses camarades de classe soutenaient la politique extérieure des Etats-Unis, lui, était pris en otage entre la lutte révolutionnaire, ses origines iraniennes et sa volonté de s'intégrer. Difficile de garder ses amis quand en Iran, des américains sont pris en otage et que l'on est désigné comme coupable car portant un nom exotique. Privée d'un foyer stable, la tête farcie de slogans politiques, Saïd s'interroge. Ils vivent dans des appartements lugubres partageant les conditions de vie des travailleurs mais ne seraient-ils pas plus heureux dans une maison luxueuse comme celle de son oncle, écrivain reconnu? La révolution arrivera-t-elle plus vite s'il ne mange plus de raisin alors qu'il en a terriblement envie? Faut-il dénigrer le mode de vie privilégié des américains quand les cubains vivent de peu mais sont heureux grâce à Fidel Castro? Le jour où les skateboards seront gratuits, chacun pourra-t-il en profiter ou les considérations matérielles seront-elles secondaires au regard de la félicité acquise? Entre un père absent et une mère occupée à militer, Saïd saura trouver sa voie, prenant le meilleur (la tolérance, l'anti-racisme, la lutte pour les plus démunis, le combat contre les injustices) et composant avec le reste.
Chroniques disparates, souvenirs épars, espoirs et désillusions, idéaux et convictions, l'auteur livre un roman qui fait sourire mais aussi réfléchir et que l'on quitte avec tristesse. Si Philipp Roth et Jonathan Tropper avait un fils, pour sûr, il aurait la verve de Saïd SAYRAFIEZADEH!